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Campagne du Soldat Pierre LAQUAY

7éme Régiment d'Infanterie



Pierre LAQUAY est appelé au service le 15 novembre 1904 et rejoint le 63ème Régiment d'Infanterie à Limoges caserne Beaubreuil.


Il est mis en disponibilité le 26 septembre 1905, un certificat de bonne conduite lui étant accordé.


Il fait deux périodes d'exercice au sein du 63ème, la première du 24 août au 15 septembre 1910, la seconde du 11 au 27 avril 1912.


Il est rappelé le 1er août 1914 et rejoint le 12 août le 7ème Régiment d'Infanterie.



Le 1er août le Colonel HELO, commandant le 7ème Régiment d'Infanterie, basé à Cahors, reçoit l'ordre de mobilisation générale. Le 5 août, le régiment s'embarque en chemin de fer sous les acclamations de la population cadurcienne.

Après un long voyage, le régiment débarque à Valmy dans le Nord alors qu'il pensait être dirigé vers l'Est. Les hommes marchent vers la Belgique que les Allemands viennent d'envahir.

Après Valmy c'est l'Argonne : Buzancy, Sommauthe, Beaumont, Mouzon, Carignan proches de Sedan. Enfin, le 20 août, le Régiment franchit la frontière et prend les avant postes de Herbeumont. Les premiers grondements lointains avertissent que les Allemands ne sont pas loin et que la guerre commence.



Bataille de Bertrix (22 août 1914) :


Le 22 août à 15 heures on marche au canon. l'ordre suivant est communiqué à la troupe.

"Aujourd'hui, le 22 août, à 6 heures du matin, l'armée française prendra l'offensive, elle attaquera l'ennemi partout où elle le rencontrera.".

La bataille fait rage sur notre droite. On traverse Bertrix et on s'arrête à Assenois. Nous sommes près des grands bois où sont gités les Allemands. On plante la baïonnette au canon et on attend l'ordre de l'attaque. La charge est donnée, les trois bataillons se lancent successivement à l'assaut précédés de leurs chefs.

Mais les Allemands sont tapis dans leurs trous, protégés de fils de fer que nous voyons trop tard. Un feu meurtrier cause de grands ravages dans nos rangs. Trois fois les bataillons reviennent à la charge, trois fois ils échouent.Le Capitaine BARON DAUTHET, à qui un officier fait remarquer l'inutilité du sacrifice, répond :"Tant pis, je bourre". sautant à cheval, il s'élance à nouveau à la tête de sa Compagnie. Une balle au front le couche sur le sol. Les Capitaines PIDAUT, VIZZAVONA,GENEBRIAS, VIEILLEFOND et les Lieutenants REGNAULT, ROZIER, GAUD, GENIEYS, DAGRAS ainsi que nombreux soldats périrent lors de cette bataille. Dès le début de l'action le Commandant FUSIL fut blessé d'une balle à la jambe. Les bataillons disloqués se replièrent sur Herbeumont en traversant la forêt.

Le Colonel HELO et le Lieutenant-colonel BORIUS parviennent à regrouper 1 500 hommes. Le 23 août à 12 heures l'ordre est donné de quitter Herbeumont et de se diriger sur Osnes. Après s'être reconstitué, le Régiment se porte à Euilly. De nombreuses batteries s'installent en arrière afin d'interdire à l'ennemi le passage de la Chiers. En hâte des tranchées sont creusées. Deux jours plus tard nous quittons ce village sans avoir tiré un seul coup de feu.

Le 25, à l'aube, la canonnade reprend. Les Allemands débouchent très loin des bois. Un formidable duel d'artillerie s'engage, la supériorité du 75 s'impose. Osnes que nous avons quitté la veille est pilonné sans cesse par notre artillerie. Toute la journée la bataille fait rage, peu de fusillade, mais du canon, toujours du canon. C'est un massacre de "Boches".

Une Compagnie fait sauter le pont de Carrignan, mais malgré le succès de la journée il faut battre en retraite. Le 26 août, à 1 heure 30, on franchit la Meuse Mouzon. A la tombée de la nuit on s'installe près de Raucourt avec mission de contre-attaquer l'ennemi qui aurait également franchi la Meuse. Les Allemands ne sont pas venus, nous avons ordre d'abandonner la position et de nous rendre sur Haraucourt.



Bataille d'Angecourt et de Thelonne :



On arrive à Haraucourt de bonne heure. Les Allemands viennent d'occuper Thélonne. Notre but est de harceler l'ennemi. Sous les ordres du Lieutenant-colonel BORIUS, on se dirige sur Angencourt. Le feu est engagé et nous nous emparons des deux premières lignes ennemies. Le 2ème Bataillon est arrêté devant une crête et un petit boqueteau occupés par les mitrailleuses allemandes. L'assaut est donné trois fois sans succès. Un quatrième assaut est donné et cette fois la position tombe entre nos mains.

Il est 12 heures, nos mitrailleuses sont mises en batterie et on poursuit l'ennemi qui dévale vers Pont Maugis. L'organisation du terrain conquis est rendue très difficile par un feu violent de mitrailleuses et de l'artillerie ennemie. Le Commandant De VILLELUME est tué de plusieurs balles alors qu'il indiquait l'emplacement des mitrailleuses ennemies au Lieutenant-colonel BORIUS qui tombe à son tour grièvement blessé de deux balles. Le Commandant VAGIMAY est également tué. Le Capitaine LAVIGNE a les deux bras et la poitrine traversés par une balle. Le Lieutenant DULUC est tué, les Lieutenants FORT, ALBERT, CALDAIROU et DENILLE sont blessés.

Du renfort sous les ordres du Lieutenant MECHIN arrive.la bataille redouble d'intensité Au loin on aperçoit Bazeilles qui regorge d'ennemis. Notre artillerie frappe sans arrêt, les pertes allemandes sont importantes, la Meuse charrie des quantités de cadavres "Boches". Nous n'avons pas lâché un pouce de terrain, le succès est complet; Le Général De LANGLE De CARRY téléphone au Général en Chef : "Suis vainqueur à fond, je demande à rester sur mes positions", "Restez 24 heures pour confirmer votre succès et ensuite battez en retraite" lui fut-il répondu. Le lendemain à 16 heures nous reprenons le mouvement de retraite.

Une longue et douloureuse retraite commence. Avec quelques escarmouches sans importance nous nous dirigeons vers le Sud à raison de 30 à 40 kilomètres par jour. Le 28 août nous sommes à Arthez le Vivier, le 29 au Chesne, le 30 à Chuvilly. Dans la nuit du 1er septembre on passe Semide. La retraite s'accélère, on marche jour et nuit. Nous traversons la Champagne Pouilleuse sous un soleil de plomb. Le 3 septembre nous bivouaquons à Vesigneul sur Marne. Le 4 nous atteignons Sompuis, le 5 Brebant et Corbeil dont il faut repartir à 3 heures du matin. Toute cette retraite s'effectue en compagnie d'interminables colonnes de civils.

Finalement on s'arrête dans un champ et le Commandant LABOURDETTE nous lit la missive du Généralissime JOFFRE : "Officiers, sous officiers, soldats, au moment où va s'engager une bataille dont dépend le salut de la patrie personne ne doit plus regarder en arrière. Une troupe qui ne peut plus avancer doit se faire tuer sur place plutôt que de reculer."

La retraite est finie, la Bataille de la Marne va commencer.



Bataille et victoire de la Marne :.


Le Régiment se porte à la côte 201. Le 7 septembre à 5 heures, la bataille d'artillerie commence. De nombreux soldats sont blessés par le bombardement. On souffre de la soif et de la chaleur. Le feu de l'artillerie ennemie cesse la nuit, nous en profitons pour creuser des tranchées. Le 8 à 5 heures la bataille reprend. A 10 heures la batterie de 75 qui depuis le matin "crache" sans arrêt, cesse son tir faute de munitions. A 10 heures 50, des munitions étant arrivées la canonnade reprend. Le Lieutenant de CASTELNAU a le bras arraché par un obus, il est emmené à la ferme des Grandes Perthes où il meurt. Nos pertes sont élevées. A 12 heures le Régiment se rend à la ferme Montorlor. Dans cette opération le Capitaine CASTAING et le Lieutenant HUFTIER sont tués.



Le lendemain la côte 201 est reprise. Les capitaine LACADE et DEBELMAS, les Lieutenants ROUVIERE, LAFFONT, CARNET et DELFOUR sont blessés.

Le soir nous bivouaquons à la ferme des Grandes Perthes. Le 10 on réorganise les bataillons. Le 11 le bruit court que les Allemands sont battus. La nouvelle étant rendue officielle nous nous dirigeons à la poursuite de l'ennemi en direction de la Cense de Blanzy. Les petits bois de sapins sont remplis de cadavres allemands. Dans la précipitation ils ont laissé leurs blessés. Ils se sont acharnés sur tout ce qui représente la vie d'un peuple civilisé.






Le Soldat LAQUAY Pierre est tombé au champ d'honneur lors de cette bataille

le 8 septembre 1914, aux Grandes Perthes (Marne).




HISTORIQUE DU 7e REGIMENT D’INFANTERIE. IMPRIMERIE COUESLANT. CAHORS, 1920.

Transcrit par Guy DELAVOIS, 2011 (Source : BDIC).

http://tableaudhonneur.free.fr/7eRI.pdf